
Les deux visages de Strasbourg
Strasbourg… S’il y a bien un voyage qui m’a laissé une impression en demi-teinte, c’est bien celui-là! C’était déjà vrai sur place et c’est d’autant plus vrai maintenant, avec le recul. C’était mon premier voyage pour le boulot et j’étais extrêmement impatiente. D’ailleurs, tout ce qui a été en rapport avec le boulot s’est plutôt bien passé. Le reste par contre…
Le voyage
J’arrive à Strasbourg en début d’après-midi, le lundi 5 novembre 2018. Le trajet a été sans accroche : un seul train depuis Liège qui faisait seulement une pause au Grand Duché du Luxembourg. J’ai rarement connu un parcourt aussi lisse! Et tant mieux, avec la représentation du jour précédent mon départ, j’avais besoin de me reposer. Pourtant, il ne me faut pas longtemps pour que mon enthousiasme retombe.
Alors que je me balade dans les rues et le long de l’eau avec ma valisette à roulette (plus « pro » que mon habituel sac à dos), j’ai l’impression que je deviens parano. Je me rassure intérieurement. Non, tous ces hommes ne te dévisagent pas d’un peu trop près. Non, toutes ces remarques ne te sont pas adressées.
Ainsi, je continue mon chemin vers mon hôtel. Je passe devant des bâtiments intéressants et notamment l’église protestante Saint-Pierre-le-Jeune ainsi que le Palais du Rhin. Ce ne sont peut-être pas les premiers hauts lieux touristiques, mais j’apprécie leur caractère et je commence tout doucement à m’imprégner de l’architecture typiquement alsacienne. Je découvre également la Synagogue de la Paix qui est impressionnante.



Pourtant, je suis mal à l’aise. Je finis par arriver à mon hôtel et ça ne s’arrange pas. Au vu de notre budget, c’est réellement un truc miteux avec un accueil pour le moins peu sympathique. En plus, il n’y a internet que dans une salle dans le bâtiment près de l’accueil. J’hésite à faire appel au couchsurfing mais je me résonne. Je trouverai bien une solution pour travailler avant ce congrès. En attendant, j’ai le reste de la journée pour moi et je compte bien en profiter!
Direction le centre! Je passe devant d’autres bâtiments assez intéressants, puis l’opéra et je continue comme ça, au hasard des rues. Puis je finis par me poser dans un café qui deviendra mon quartier général pour mon séjour : « La Nouvelle Poste ». Je l’aime bien. Ça contrebalance mon impression générale assez mauvaise.
Du coup, je combine trois choses pour décharger ma mauvaise humeur et améliorer mon moral : la première, j’écris, la deuxième, je m’offre une flammekueche et, la troisième, je vais au théâtre au soir… gratuitement! Et j’ai adoré le spectacle! C’était Sulki et Sulku ont des conversations intelligentes. Je rentre donc me coucher de meilleure humeur.
Le lendemain matin, je me bats encore un peu avec la dame de l’accueil (qui m’avait fait payer deux fois et ne voulait pas me rembourser) puis je pars vers le centre historique. Pour de bon cette fois, malgré le brouillard. (Petit jeu : retrouvez la photo dans mon livre!) Les rues sont désertes. Enfin. Presque. Il y a tous les ouvriers communaux qui travaillent d’arrache-pied pour mettre les décorations de Noël, reboucher les trous, etc.
Mon humeur n’est pas énormément meilleure que la veille car je me souviens avoir pensé très cyniquement qu’il fallait bien montrer jolie figure pour les touristes du futur marché de Noël. Certainement qu’elle reflétait à la fois mon peu de sommeil et le temps plutôt maussade. Toujours est-il que je finis par arriver au pied de la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg.
À nouveau, mes premiers sentiments sont mitigés. Je l’aime bien. Et pourtant, je prête plus attention au fait que les militaires sont partout. Comme si ils allaient pouvoir empêcher une bombe d’exploser si quelqu’un en avait posée une. En tout cas, j’aime beaucoup le petit train, qui tourne à peu près à vide en cette période de creux touristique.



Je vais ensuite voir la Maison Kammerzell. Un véritable monument de l’architecture strasbourgeoise. Puis c’est au tour du Palais Rohan et de la petite place qui lui fait face. J’aime bien le fait d’être toute seule et je profite de l’architecture du lieu. Mon humeur s’améliore peu à peu en étant dans ce centre touristique.
Je traverse l’eau pour voir le palais de l’autre côté tout en profitant de cet endroit calme. Puis je repars au pont suivant vers le centre et j’atterris Place Gutenberg. Là encore, les préparatifs pour Noël vont bon train. Je me dirige ensuite vers l’extérieure de la Grande Île. Direction le barrage de Vauban!
La vue doit être belle sous le soleil. En attendant, je profite à nouveau du fait d’être toute seule et je salue les mouettes. Je pense que je suis passée par la « Petite France » avant d’arriver au barrage mais sans savoir que j’étais dedans. Et après ? Je ne sais plus trop.
Ce dont je suis certaine par contre, c’est que je me suis à nouveau retrouvée à travailler à La Nouvelle Poste avant d’aller, à nouveau, au théâtre. Cette fois, j’ai été voir Saïgon de Caroline Guiela Nguyen. Pièce à la fois prenante et bouleversante mais avec une mise en scène tellement particulière que j’ai entendu des commentaires en ressortant comme quoi ça avait été « long ». Je ne l’ai pas trouvé mais je peux comprendre.



Le lendemain matin, direction La Nouvelle Poste (avais-je oublié de préciser que la boulangerie où je prenais mon p’tit-dej’ était en face ?) pour vérifier mes mails avant de partir en direction du congrès. Je passe donc devant l’église réformée Saint-Paul sous un magnifique ciel bleu et avec un soleil éclatant. Et, pendant l’après-midi, on va faire une visite guidée par le grand chef du Jardin botanique de Strasbourg. Comme quoi, il y a des avantages au fait d’être scientifique.
Ce soir-là, je vous laisse deviner où j’ai été. Cette fois, c’est la dernière. Après tout, le lendemain, je pars directement après le congrès. Et, je dois bien l’avouer, j’ai un pincement au cœur à l’idée de quitter cet endroit qui m’aura servi de refuge pendant cette petite semaine à Strasbourg.
Ce que ça m’a apporté
Les deux visages de Strasbourg
Je comprends pourquoi beaucoup de gens aiment cette ville et j’imagine à quel point le marché de Noël doit être magique. Le centre a vraiment son petit cachet et la gastronomie alsacienne fait prendre des kilos rien qu’en la regardant (et je n’ai pas parlé de vin). La Grande-Île, même avec le brouillard et sous la pluie, est jolie. Mais une fois qu’on en sort…
Bonjour le harcèlement de rue. D’où mon malaise le premier jour, vu que je l’ai passé essentiellement en dehors du centre historique. J’ai trouvé ça tout bonnement impressionnant. Et, à ce jour, ça reste l’endroit où je l’ai vécu le plus. Du coup, il n’y a pas à dire, même si La Nouvelle Poste a toujours sa petite place dans mon cœur, je ne suis pas prête de retourner à Strasbourg!
Voyage lié au travail
Le congrès s’est bien passé et je m’y suis bien amusée. J’ai rencontré des gens sympa et des gens intéressants. Bref, c’était une bonne expérience. Par contre, je ne suis pas parvenue à être remboursée ni de l’hôtel, ni du train. Vu que c’est toujours du « démerde toi » dès qu’il s’agit d’administration, je n’avais pas rempli correctement ce qu’il fallait avant de partir… OK, tant pis. Je le saurai pour la prochaine fois!
La Nouvelle Poste
Elle a droit à son petit paragraphe rien qu’à elle. Après tout, j’y ai passé tellement de temps par rapport à mon temps sur place! Et puis, elle m’a amené à une réflexion sur le voyage. Peu importe où l’on se trouve, on a toujours besoin d’un refuge.
Que ce soit seul au milieu de la nature, dans un café, dans une chambre, dans son lit en auberge de jeunesse, dans sa voiture de location, sous une tente. Peu importe. Mais, en voyage, ça peut arriver que certaines choses ne se passent pas « comme prévu ». Très souvent d’ailleurs. La plupart du temps, ce n’est pas problématique. Mais, même dans ces cas-là, avoir un endroit refuge pour s’isoler mentalement parlant, c’est important.
Mais n’oubliez pas : rêvez, voyagez et soyez vous-même!
À bientôt,
Amandine
PS : Avez-vous déjà vécu ce sentiment de malaise, en voyage ou ailleurs, en vous demandant ce que vous faites là ?


10 commentaires
Nicolas
Merci pour ce descriptif très personnel de la capitale de l’Alsace. Personnellement j’avais adoré le quartier de La Petite France que tu évoques aussi dans ton article 😉
Amandine Bertrand
Je l’ai traversé certainement trop rapidement pour l’apprécier à sa juste valeur (entre les gouttes de pluies d’ailleurs). Mais c’est vrai qu’elle aurait mérité un peu plus d’attention de ma part si j’en crois les quelques photos que j’ai prises de ce quartier 🙂
Dédé
Malheureusement le harcèlement de rue n’est pas propre à Strasbourg, et pas besoin de voyage pour éprouver ce sentiment de malaise… Je suis triste que ça te soit arrivé de manière si forte en voyage !
J’ai pu le ressentir aussi en Inde, où une femme voyageant seule attire forcément les regards, et malgré mon habitude de ce genre de situation dans ma vie quotidienne [insert here: perte de foi totale en l’humanité] je l’avais plutôt mal vécu.
Par contre je comprends très bien ta réflexion autour du refuge : quelque soit la forme qu’il prend, avoir un endroit à soi me parait être quelque chose d’instinctif, même si c’est juste un coin de lit dans une auberge de jeunesse !
Amandine Bertrand
Effectivement en Inde ça a dû être assez important…
C’est vrai qu’il n’y a pas besoin de voyager pour ça, j’ai des expériences similaires à Liège. Mais elles restent ponctuelles et moins « agressives » que ce que j’ai malheureusement vécu à Strasbourg. Après, je n’étais peut-être pas non plus dans un « bon quartier ».
Carine
Le plus récemment, c’est à Philadelphie que j’ai éprouvé un sentiment de malaise. Les guides de voyage mettent en valeur cette ville pour son patrimoine historique. Lieu de la signature de la déclaration d’indépendance en 1776, les États-Uniens viennent en masse visiter Old city et ses bâtiments empreints d’histoire dans un quartier lisse et aseptisé. Deux rues plus loin, place à la misère, aux SDF et aux junkies, aux immeubles délabrés, squattés, aux vitrines blanchies, une grande pauvreté touchant surtout les femmes et les afro-américains… Terrible visite qui m’a marquée à jamais.
Amandine Bertrand
J’ai malheureusement l’impression que ce gouffre entre les endroits à visiter en restant « dans les clous » et ceux que l’on trouve un peu en dehors existe un peu partout dans le monde. En tout cas, c’est bon à savoir si je vais un jour de ce côté-là. Mais ne crois-tu pas que c’est peut-être aussi pour ça qu’ils essayent d’attirer des touristes ? Dans un « monde idéal », l’argent qui rentrerait d’un côté pourrait être redistribué de l’autre…
(Rien à voir, je suppose, mais quand on évoque Philadelphie, je pense automatiquement au film Philadelphia… Qui est pourtant aussi vieux que moi!)
Carine
Tu as tout à fait raison. Il existe souvent de grandes disparités entre l’endroit et l’envers du décor. Mais, honnêtement, je n’ai jamais rien vu de pire qu’à Philadelphie… peut-être parce que les Etats-Unis sont un pays riche et que ce n’est pas le genre de choses que l’on accepte de voir dans de telles proportions dans un pays qui a très très largement les moyens de mettre tout le monde à l’abri du besoin. Clairement, à Philly, on voit bien où vont les priorités, et les Afro-Américains n’en faisaient visiblement pas partie quand j’y suis passée en 2017.
Le monde idéal n’existe pas encore…
Amandine Bertrand
C’est malheureux… mais je dois dire que ça ne m’étonne pas beaucoup. J’espère juste que je n’arrêterai jamais d’avoir des visions de ce monde idéal.
Pascale
J’ai vécu à 6 mois à Strasbourg sans y ressentir de harcèlement. J’étais stagiaire et j’avais loué un studio dans la Petite France : excellents souvenirs, loin de ma région parisienne natale.
En revanche, je comprends le malaise que tu as pu ressentir, moi c’était lors d’un voyage au Caire. Vraiment pas agréable !
Amandine Bertrand
Je n’ai peut-être pas eu de chance avec le quartier. Maintenant il est vrai que je ne me rappelle pas avoir eu de soucis dans le coin de la Petite France 🙂
Je suppose que ça peut arriver un peu partout malheureusement.